A Cimiez, la ville sanctuarise un terrain agricole contre une tentative de spéculation immobilière

24 mai 2024

C’est l’histoire d’un écrin de verdure de 3500 carrés, niché impasse Vérani, à hauteur du 22 avenue de Croix, au cœur de Cimiez. Depuis plusieurs années, ce terrain 3500 mètres carrés constructible idéalement situé en milieu urbain attisait la convoitise de nombreux promoteurs immobiliers qui avaient flairé la bonne affaire. « Il y avait un projet de construction d’un immeuble de plusieurs étages avec une centaine d’appartements à la clef, à 10 000 mètres d’euros le m2 carrés, ça aurait fait beaucoup d’argent sans compter les nuisances pour le voisinage avec la création de garages et de parkings et la circulation dans un environnement calme et paisible, nous ne voulions pas de ça ici », raconte ce riverain membre du Comité de quartier Cimiez, Rimier, Brancolar qui avait alors alerté la mairie pour tenter de faire empêcher ce projet. « Il est vrai que dans le plan local d’urbanisme nous étions sur un foncier constructible et à tout moment on pouvait y craindre une entreprise de spéculation immobilière, a expliqué ce matin sur place le maire Christian Estrosi. C’est un temps où nous étions déjà fortement engagés sur la végétalisation de la ville par rapport à l’évolution climatique et la lutte contre le réchauffement, j’ai donc décidé de modifier le PLU (Plan local d’urbanisme) et de geler à tout jamais la constructibilité de ce terrain en pleine terre ».

« CE TERRAIN VÉRANI SERA UN LIEU D’APPRENTISSAGE, DE PÉDAGOGIE, DE DÉMONSTRATION ET DE PRODUCTION DE MARAICHAGE BIO ET DE LÉGUMES DE SAISON QUI PERMETTRONT NOTAMMENT D’ALIMENTER LES CANTINES DES ÉCOLES PRIMAIRES DE LA VILLE  »

Après avoir répondu à l’inquiétude des habitants, le maire et les élus qui l’entourent notamment Catherine Moreau adjointe déléguée à l’agriculture urbaine et Antoine Véran maire de Levens et vice-président de la Métropole en charge de l’agriculture et de la forêt ont décidé de « sanctuariser cette parcelle agricole » afin d’y installer un projet de formation en partenariat avec le Campus Vert d’Azur. Un établissement géré par le ministère de l’Agriculture, composé d’un Lycée agricole et d’un Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole, destiné aux jeunes en apprentissage et aux adultes en reconversion aux métiers de l’agro écologie. « Ce terrain Vérani sera un lieu d’apprentissage, de pédagogie, de démonstration et de production de maraichage bio et de légumes de saison qui permettront notamment d’alimenter les cantines des écoles primaires de la ville, affirme Nicolas Bourgeois, le directeur du Campus Vert d’Azur. On va mettre les jeunes en situation, les former pour qu’ils deviennent de vrais agriculteurs locaux pour notre autonomie alimentaire. Ce terrain nous permettra d’inviter aussi des élèves du lycée hôtelier Paul Augier pour y former des cuisiniers-jardiniers. Nous y accueillerons également différents publics dont des scolaires niçois pour leur faire découvrir ces métiers respectueux de l’environnement. » Un projet qui doit être finalisé d’ici trois ans et pour lequel la ville de Nice a investi 170 000 euros afin de prendre en charge ses équipements.

DANS LA PLAINE DU VAR, LA SANCTUARISATION DES TERRES A PERMIS DE DIVISER PAR DIX L’URBANISATION AVEC 125 HECTARES DE ZONES AGRICOLES SUPPLÉMENTAIRES 

Une initiative qui s’inscrit dans la politique agricole basée sur la maîtrise du foncier et l’installation de nouveaux agriculteurs sur des parcelles acquises par la Métropole et les communes et sur lesquelles la collectivité aménage le local, l’eau, l’électricité avec un budget de 18 millions d’euros sur 5 ans. Dans la plaine du Var, la sanctuarisation des terres, a permis de diviser par dix l’urbanisation avec 125 hectares de zones agricoles supplémentaires grâce au PLUm (Plan local d’urbanisme métropolitain). « Nous avons ainsi maintenu un tarif de l’eau unique à 38 cts le mètre cube pour les professionnels. Nous avons installé des agriculteurs à la Roquette sur Var, à la Gaude ou encore dans la zone de Carros et nous allons réaliser dès 2024 un incubateur pour former de nouveaux agriculteurs dans la basse vallée du Var afin de rendre le territoire plus résilient sur le volet alimentation », a précisé Christian Estrosi.

D’ici la fin de l’année prochaine, une « forêt urbaine » de près de 140 000 arbres verra le jour dans la plaine du Var avec des espaces réservés aux agriculteurs. Un projet de verdissement qui s’ajoutera au prolongement de la promenade du paillon sur 8 hectares, en cœur de ville. « Nous sommes aussi en train de répertorier les toitures qui peuvent être des espaces dévolus à l’agriculture urbaine, ce qui permettrait aux habitants d’y faire des jardins-potagers et de bénéficier ainsi de subventions, a annoncé Christian Estrosi. Voilà comment nous envisageons Nice ville verte qui doit s’adapter aux enjeux du futur afin de préserver notre art de vivre et de protéger la santé de nos concitoyens face à la pollution et aux menaces climatiques. »

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