Restes de repas, épluchures, café, coquilles d’œufs… Autant de déchets alimentaires qui ne pourront bientôt plus être jetés dans les poubelles d’ordures ménagères. L’une des conséquences de la loi Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire). À compter du 1er janvier 2024, les Collectivités devront être en mesure de proposer aux habitants une solution de tri de ces biodéchets* qui représentent un tiers des ordures ménagères, selon l’Ademe. Ce matin, l’adjoint au maire de Nice délégué à la propreté Pierre-Paul Leonelli a dévoilé, lors d’une conférence de presse, les actions que la Métropole Nice Côte va développer au profit des usagers afin de réduire le traitement des déchets et garantir la salubrité publique.
Pierre-Paul Leonelli, quelle est la stratégie métropolitaine pour la gestion des biodéchets ?
Nous allons mettre le paquet pour développer le compostage collectif et individuel en incitant les syndics de copropriétés, les Niçoises et les Niçois à s’emparer de ce sujet et comme on est une ville qui se verdit et que nous avons avec Christian Estrosi la volonté de prolonger cette coulée verte nous allons amplifier l’installation le long de cette promenade du Paillon et ailleurs de nombreux composteurs au bénéfice de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. La Ville de Nice dispose de 180 parcs et jardins pour offrir cette solution gratuite de gestion de proximité des biodéchets.
Que peut-on mettre et ne pas mettre dans les points de collecte ?
Les déchets végétaux de notre cuisine sont les premiers éléments susceptibles d’être déposés dans les bacs à déchets alimentaires. Mais pas seulement. On peut aussi y jeter les os, les arêtes de poisson et les croutes de fromage ou encore les coquilles d’œuf. Ce qui est valable bien sûr également pour votre composteur dans votre jardin.
« Nous n’allons pas dépenser 8 millions d’euros chaque année sur le dos du contribuable pour une collecte sélective des biodéchets en porte-à-porte qui ne marche pas »
Quelles sont les principaux avantages du compostage ?
Il permet de réduire la quantité de déchets envoyés aux décharges ou incinérés. En compostant les déchets organiques tels que les restes de fruits et légumes, les feuilles mortes et les déchets de jardin, vous pouvez les transformer en un précieux amendement organique plutôt que de les jeter. Le compost est aussi un excellent amendement organique qui améliore la qualité du sol. Il apporte des éléments nutritifs essentiels, améliore la structure du sol, favorise la rétention d’eau et stimule l’activité biologique. En l’ajoutant à votre jardin ou à vos plantes d’intérieur, vous pouvez améliorer la santé et la fertilité du sol.
Pourquoi ne pas avoir opté pour la collecte sélective des biodéchets en porte-à-porte ?
J’ai refusé de mettre en place cette pratique car elle coûte très chère et ne fonctionne pas. On a vu que dans certaines villes comme Paris cela a été un véritable échec. Nous n’allons pas dépenser 8 millions d’euros chaque année sur le dos du contribuable pour une collecte sélective des biodéchets en porte-à-porte qui ne marche pas. En revanche, l’amplification du compostage des déchets verts est la vraie solution. A Saint-Roman-de-Bellet, par exemple, cela représente quatre tonnes, cela correspond à un véritable besoin des administrés notamment dans nos collines avec beaucoup d’immeubles qui disposent d’espaces verts pour s’équiper en composteurs.
« Je ne suis pas partisan d’une écologie punitive je suis plutôt favorable à une écologie incitative. Aujourd’hui, nous avons 19% de déchets en moins dans nos poubelles. Cela veut dire qu’on est sur la bonne voie »
Et pour ceux qui ne disposent pas d’espaces verts pour les installer ?
Nous ne comptons pas moins de 207 sites de compostages collectifs. Les habitants pourront donc assez facilement composter leurs déchets dans nos parcs et jardins mais je ne pourrai pas imposer à chaque habitant de la ville de Nice de le faire. Je ne suis pas partisan d’une écologie punitive je suis plutôt favorable à une écologie incitative. Aujourd’hui, nous avons 19% de déchets en moins dans nos poubelles et je remercie les Niçoises et les Niçois qui trient leurs ordures ménagères cela veut dire qu’on est sur la bonne voie. Nous développons aussi cet état d’esprit avec les jeunes et les scolaires. Nous misons également sur le rôle de nos ambassadeurs du tri pour faire de la pédagogie. Depuis 2014, près de 520 formations au compostage ont été effectuées et 1200 classes sensibilisées à la réduction des déchets.
Quelles autres actions comptez-vous mener ?
Dans la loi Agec, il y a aussi la lutte contre le gaspillage. Notre volonté est également d’agir dans les secteurs de la restauration collective, des cantines scolaires et avec nos restaurateurs. Le but étant de faire de la pédagogie en expliquant qu’il n’y a pas de honte à repartir avec sa bouteille de vin, un morceau de pizza ou son plat de lasagne. Il faut préciser que 135 restaurants ont été dotés en doggy bag dans le cadre de la lutte contre le gaspillage alimentaire.
*Qu’appelle-t-on les biodéchets ? Le Code de l’environnement le définit comme suit : « Les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires. »