« En 2030, 35% de la population sera âgée de plus de 80 ans. Nous avons le devoir que toutes ces personnes vieillissent en bonne santé. »
Le Professeur niçois Paul Hofman, porteur du projet RespirERA (Santé respiratoire, environnement et vieillissement)
Vendredi, lors de sa visite, au service des urgences du CHU, le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun a assisté à la présentation du futur IHU (institut hospitalo-universitaire) de Nice dédié à la santé respiratoire, dont la création a été annoncée par le Président de la République le 17 mai dernier et qui devrait voir le jour d’ici quatre ans. Ce projet baptisé RespirERA (Santé respiratoire, environnement et vieillissement) est notamment porté par le professeur niçois Paul Hofman, responsable du laboratoire de pathologie clinique & expérimentale au CHU de Nice et à l’origine de la découverte d’un test de dépistage précoce du cancer du poumon.
Pourquoi avoir décidé de créer un IHU sur les pathologies respiratoires, à Nice ?
Paul Hofman : la Côte d‘Azur est en quelque sorte un laboratoire de ce qui va se passer en France et dans le monde au cours des prochaines années. En 2030, 35% de la population sera âgée de plus de 80 ans. Nous avons le devoir que toutes ces personnes vieillissent en bonne santé.
« Cet IHU de Nice doit être unique en Europe, pour nous, il s’agit d’un immense défi. »
Quel est l’enjeu prioritaire de cet institut hospitalo-universitaire?
Paul Hofman : c’est de prévenir les maladies, c’est un enjeu considérable de santé publique lorsqu’on prévient les maladies, on a forcément un coût pour la santé qui diminue. Cet IHU de Nice doit être unique en Europe, pour nous, il s’agit d’un immense défi.
« En Paca, nous avons un écosystème de pollution atmosphérique important. Il faut donc continuer à renforcer la végétalisation des villes. »
Quels sont les menaces les plus graves qui pèsent sur la santé ?
Paul Hofman : le réchauffement climatique et la pollution de l’air qui sont étroitement liés vont forcément conduire à une hausse continue des maladies respiratoires, non seulement les cancers du poumon qui ne baissent pas, les fibroses pulmonaires, mais également d’autres affections comme la BPCO, dont les patients touchés finissent par mourir d’étouffement. Toutes ces maladies respiratoires seront probablement la cause principale de décès dans les dix ans à venir. En région Paca, nous avons un écosystème de pollution atmosphérique important. Il faut donc continuer à renforcer la végétalisation des villes.
Quelle est la force principale de cet IHU ?
Paul Hofman : nous avons la chance dans notre région de pouvoir compter sur une véritable « task force » de l’expertise médico-scientifique sur les pathologies respiratoires, en particulier dans les unités INRIA de Sophia-Antipolis, INSERN, CNRS, CHU et Université Côte d’Azur. On a associé à notre IHU un maillage territorial avec des équipes parisiennes, marseillaise et internationales de très haut niveau au sein des universités nord-américaines et à New Delhi, en Inde. Il faut savoir que les Indiens sont des experts dans le domaine de la bio-informatique et la gestion des données complexes.
«Le patient doit être au centre du projet et la population Niçoise aussi, tout le monde se doit d’être embarqué dans cette magnifique aventure. »
Où sera t-il situé ?
Paul Hofman : le bâtiment qui abritera cet IHU nsera idéalement situé au sein du campus Pasteur autour des soignants, auprès des patient et des familles. Le patient doit être au centre du projet et la population Niçoise aussi, tout le monde se doit d’être embarqué dans cette magnifique aventure. Notre slogan doit être celui d’une célèbre équipe de foot, celle de Liverpool en Angleterre : « You’ll Never Walk Alone » (tu ne marcheras jamais seul ndlr). Ici, nous travaillons tous ensemble, main dans la main. En cela, je veux remercier les autorités nationales pour leur soutien, mais également les collectivités locales et territoriales, sans lesquelles cet IHU d’excellence n’aurait jamais pu voir le jour.
« Si je réussis à développer une Université Côte d’Azur sans aucun étudiant fumeur sur le campus, ce sera probablement la plus belle réussite pour moi. »
Vous avez parallèlement lancé le projet « Smoker Free » pour protéger la santé des jeunes ?
Paul Hofman : cette initiative qui est soutenue par l’Institut National du Cancer vise à lutter contre le tabagisme en faveur d’une population à haut risque, notamment les adolescents dans les lycées professionnels, en région PACA. Mais, je dois avouer que si je réussis à développer, d’ici quelques années, une Université Côte d’Azur sans tabac, autrement dit, sans aucun étudiant fumeur sur le campus, ce sera probablement la plus belle réussite pour moi. Rappelons que le tabagisme est la première cause évitable de mortalité en France. Il est responsable de plus de 75 000 décès par an dont 45 000 par cancer.