Internat éducatif : donner aux élèves décrocheurs un nouveau cap pour s’en sortir

22 avril 2024

Le Premier ministre Gabriel Attal entouré notamment du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, du maire de Nice Christian Estrosi, d’élus de la ville et du département a visité, ce matin, le nouvel internat éducatif au lycée du Parc Impérial destiné aux élèves de différents établissements de la ville en situation de décrochage scolaire. Baptisé La Boussole, ce dispositif inédit d’encadrement et d’accompagnement des jeunes en difficultés mais qui n’ont pas commis d’actes de délinquance impliquant les parents est mené en partenariat avec l’Education nationale, différentes associations, les collectivités locales et territoriales, la Gendarmerie ou encore la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

Au total, vingt stagiaires de 13 à 16 ans de tous milieux sociaux et de toutes origines vont recevoir pendant douze jours de 7h à 19h30 des cours de soutien scolaire, d’instruction civique sur les valeurs de la République, participer à des séances de sports mais également suivre des ateliers sur le rôle de la police, de la justice, sur les conduites addictives en général notamment l’usage du téléphone portable ou les dangers liés à la consommation de drogues. Un programme structurant, dense et varié réalisé par une équipe pluridisciplinaire (éducateurs, psychologue, enseignants, moniteurs) qui donnera aussi la possibilité à ces jeunes en rupture de banc scolaire d’effectuer des sorties comme celle prévue au Camp des Milles à Aix-en Provence, d’où plus de 2000 hommes et enfants juifs furent déportés vers Auschwitz. 

« ÇA VA LEUR DONNER UN CADRE ET DES RÈGLES ET LEUR APPRENDRE LES VALEURS DE RESPECT POUR LES FAIRE AVANCER DANS LA VIE »

L’objectif de cet internat éducatif étant de donner un « nouveau cap à la jeunesse et de les couper des « mauvaises fréquentations ».  « Il s’agit de leur offrir une seconde chance et d’éviter la dérive, il ne s’agit pas de punir mais de prévenir », a justifié le ministre de la justice Éric Dupond-Moretti. « Ça va leur donner un cadre et des règles et leur apprendre les valeurs de respect pour les faire avancer dans la vie », a témoigné une maman pour qui ce dispositif est également nécessaire notamment pour « lutter contre l’oisiveté ». « Il n’y a pas de honte à vivre ça, il y a des solutions, a rassuré le Premier ministre Gabriel Attal en s’adressant aux familles et à leurs enfants. « Avec vos témoignages, vous allez libérer beaucoup de famille qui vont se dire c’est aussi pour moi c’est aussi pour mon enfant et ça va lui faire du bien ». « Ma mère m’a obligé, m’a forcé à venir » a lancé un adolescent tandis qu’un autre reconnaissait être sorti du « droit chemin ».

« RENFORCER ENCORE UN PEU LA DÉCENTRALISATION NOTAMMENT EN MATIÈRE DE RESPONSABILITÉ PARENTALE NE SERAIT PAS UNE MAUVAISE CHOSE »

Pour le maire de Nice, qui a salué l’intérêt d’un tel dispositif, les politiques menées à l’échelle de la ville dans le cadre de la prévention de la délinquance sous l’autorité du Procureur « sont extrêmement porteuses avec les nombreux rappels à l’ordre que nous faisons à l’égard des familles lorsque l’enfant fait des bêtises, il y a le Conseil des droits et des devoirs qui nous amènent à accueillir les parents en difficultés pour les soutenir, a rappelé Christian Estrosi. Je veux parler aussi des TIG (qui consiste à travailler gratuitement, pendant une durée fixée par le juge ndlr), nous en proposons une quarantaine par an au Tribunal judiciaire » a encore souligné le maire qui a toutefois regretté que le tribunal ne donne pas la capacité à la collectivité d’en obtenir davantage. « Les places ne sont pas tous consommées et je serai désireux qu’on fasse plus de placement, a insisté Christian Estrosi. Or, je salue la volonté qui est la vôtre Monsieur le Premier ministre qu’il y ait un juste équilibre entre la prévention et la sanction car il y a dans certains quartiers des caïds qui exploitent des mineurs de 13 ans, 14 ans. Un fléau contre lequel il est difficile d’agir dans la cadre de la législation actuelle avec des dégâts en matière de trafic de drogue et l’expérience que nous partageons aujourd’hui avec les membres du Gouvernement, les familles et les enfants illustre en tout cas une volonté qu’il y a urgence à agir et que chacun doit y prendre sa part et renforcer encore un peu la décentralisation notamment en matière de responsabilité parentale ne serait pas une mauvaise chose »

« IL Y A 50 000 PLACES D’INTERNAT VIDES EN FRANCE. LA RÉPUBLIQUE MET ÉNORMÉMENT DE MOYENS MATÉRIELS ET HUMAINS POUR ENCADRER LES JEUNES »

Un bilan de cette expérimentation pour les jeunes décrocheurs sera effectué à l’issue des quinze jours et un suivi sera réalisé pendant six mois avec les parents. Le but étant d’étendre ce dispositif d’accompagnement et d’encadrement à l’ensemble du territoire mais aussi en dehors des périodes de vacances scolaires. « Il y a 50 000 places d’internat vides en France, a précisé le Premier ministre Gabriel Attal. La République met énormément de moyens matériels et humains pour encadrer les jeunes et leur éviter une dérive. Il y a un problème de violence chez les jeunes avec une surreprésentation des adolescents » sur un certain type de délinquance, a ajouté le chef du Gouvernement appelant à des sanctions « beaucoup plus rapides, beaucoup plus immédiates (…) Il y a besoin d’un sursaut collectif dans notre pays sur la violence des mineurs et tous ensemble on va y arriver. »

Share This

Partager

Partagez cet article sur les réseaux sociaux !