Le maire de Nice Christian Estrosi et les élus de la Métropole vent debout contre la loi SRU 

9 février 2024

« La loi SRU prend les Maires comme des adversaires, non comme des partenaires. Sur les 16 communes les plus peuplées de la Métropole, 10 sont carencées. C’est une absurdité !, » a fustigé Christian Estrosi, cet après-midi, lors d’une conférence de presse sur les conséquences et les difficultés d’application la loi SRU ((Solidarité Renouvellement Urbain) pour les communes de Nice Côte d’Azur dont la plupart sont brutalement confrontées à d’importantes difficultés budgétaires, après avoir été placées en zone rouge par l’exécutif gouvernemental avec de fortes pénalités et amendes à payer sur la période de 2020 à 2022 où la production de logements sociaux s’est retrouvée très fortement impactée par la crise du Covid.  « Nous sommes ici au cœur d’un territoire qui est trop souvent et injustement pointé du doigt ». Le maire qui était entouré de ses homologues de Nice Côte d’Azur, d’élus de la ville et des sénateurs des Alpes-Maritimes Dominique Estrosi Sassone et Patricia Demas a dénoncé une loi « obsolète » qui ne tient aucun compte des contraintes géographiques « où les parcelles disponibles sont rares et très chères » et de la conjoncture économique : « l’inflation, l’augmentation du taux d’emprunt, hausse du prix des matériaux ou encore l’effondrement de la construction du logement neuf en France. »

« CE N’EST PAS QUE L’ON VEUILLE FREINER SUR LES LOGEMENTS SOCIAUX MAIS NOUS AVONS DES BUDGETS À TENIR, LA CRISE SANITAIRE A COÛTÉ 100 MILLIONS DE DÉPENSE À MA COMMUNE DE CAGNES-SUR-MER »

« On en a vraiment ras le bol, je suis très en colère, a déclaré Roger Roux maire de Beaulieu sur Mer depuis 23 ans. C’est une loi ubuesque qui ne prend pas en compte notre spécificité, je n’ai pas de foncier disponible, il me reste une seule parcelle pour du logement social, Comment je fais ? », a interrogé l’élu dont la commune a déjà déboursé 1 millions 600 000 euros de pénalités depuis qu’il est maire. « J’aurai pu spéculer et me constituer un beau bas de laine, mais j’ai préféré attribuer des terrains pour faire du logement social et voilà comment mes efforts sont récompensés par l’Etat ». « C’est une loi mécanique et totalement hors sol dans son application avec une commission nationale qui décide sans tenir compte des réalités locales », abonde Louis Négre, le maire de Cagnes sur Mer qui s’est targué d’avoir favoriser la production de plus de 1000 logements sociaux en 10 ans. « On juge sans voir ce que fait la commune. Ce n’est pas que l’on veuille freiner sur les logements sociaux mais nous avons des budgets à tenir, la crise sanitaire a coûté 100 millions de dépense à la commune, ce n’est pas en tapant sur la tête des élus locaux que l’on va s’en sortir. » 

« NOUS AVONS DÉJÀ DÉPOSÉ DES RECOURS GRACIEUX POUR COMBATTRE CETTE DÉCISION MAIS NOUS IRONS BEAUCOUP PLUS LOIN POUR OBTENIR QUE LE GOUVERNEMENT REVIENNE EN ARRIÈRE »

A Nice, la pénalité majorée serait de près de 10 millions d’€ et 16 millions pour la Métropole en 2024. « Cette amende, c’est un racket de l’État qui ne règle rien au problème de fond : le logement. Au contraire, c’est de l’argent en moins, nous avons déjà déposé des recours gracieux pour combattre cette décision mais nous irons beaucoup plus loin pour obtenir que le Gouvernement revienne en arrière », a prévenu Christian Estrosi. « Je ne laisserai personne dire que la ville ne fait pas d’efforts. Entre 2008 et 2022, 6500 logements sociaux supplémentaires ont été créés à Nice, soit un taux qui est passé de 11 à 14% et pour la Métropole de 10,41% en 2008 à 13,30% en 2022, a-t-il détaillé. Nous faisons feu de tout bois ». 

« A NICE, IL FAUDRAIT PRODUIRE PENDANT 17 ANS DES LOGEMENTS SOCIAUX POUR ATTEINDRE LES 25% IMPOSÉS PAR LA LOI SRU. C’EST TOUT À FAIT IMPOSSIBLE À RÉALISER, DÉLIRANT MÊME » 

Et le maire d’enfoncer le clou en dénonçant l’hérésie de cette loi pour se mettre en conformité par rapport au nombre de logements accordés à Nice dans les permis de construire. « Il faudrait produire pendant 17 ans des logements sociaux pour atteindre les 25% imposés par la loi SRU, précise-t-il. C’est tout à fait impossible à réaliser, délirant même ! Car il faudrait aussi construire 15 écoles, des km de réseaux d’assainissement, c’est inimaginable », a-t-il raillé avant d’assumer clairement sa position sur le sujet avec la volonté de satisfaire l’offre et la demande en recherchant l’équilibre. « Du logement oui, c’est urgent, mais pas des ghettos ; et pas uniquement du logement social, mais aussi du logement intermédiaire. Les difficultés de logement concernent tout le monde dans notre région. Mon rôle de maire, c’est d’assurer l’équilibre. L’important, c’est la dynamique ! » a affirmé celui qui réclame l’ouverture d’un débat « apaisé et sans faux semblant » sur la loi SRU.

« JE SOUTIENS DE TOUTES MES FORCES CETTE PROPOSITION FAIRE PAR GABRIEL ATTAL AU PROFIT DU LOGEMENT INTERMÉDIAIRE QUI NOUS PERMETTRAIT À NICE DE FAIRE UN BON AVANT CONSIDÉRABLE ET DE SORTIR DE LA ZONE ROUGE »

Cette mobilisation inédite qui pourrait prendre d’autres formes si rien de bouge d’ici les prochaines semaines, intervient quelques jours après la déclaration du Premier ministre Gabriel Attal de vouloir « déverrouiller » le secteur du logement et créer « un choc d’offre ». Le chef du Gouvernement souhaite en effet modifier la loi SRU pour y intégrer une partie du logement intermédiaire dans les 25% de logements sociaux. « Je soutiens de toutes mes forces cette proposition au profit du logement intermédiaire qui nous permettrait à Nice de faire un bon avant considérable pour loger dignement nos actifs et de sortir de la zone rouge (…) Il faut favoriser la mobilité et le parcours résidentiel, la définition d’objectifs par le couple Maire-Préfet, renforcer les aides de l’Etat et créer un statut unique de propriétaire privé », a conclu Christian Estrosi. D’aucuns espèrent désormais que les belles intentions affichées par le Premier ministre se traduisent par des actes concrets.

Share This

Partager

Partagez cet article sur les réseaux sociaux !