La restauration des édifices publics communaux a constitué un élément déterminant dans le classement, en juillet 2021, de Nice au patrimoine mondial de l’Unesco. Depuis 2008, la Ville a investi 11,4 millions d’euros pour la rénovation de ses 31 bâtiments cultuels. La collectivité est, en effet, propriétaire de 11 chapelles et 20 églises, à l’image de celle de Notre-Dame du Port, dont les façades extérieures et la toiture ont été réhabilitées et inaugurées ce soir, en fanfare, par le maire de Nice Christian Estrosi, en présence de l’Abbé Vincent Bottin, curé de la paroisse de la Sainte Famille, qui a procédé à la bénédiction de cet édifice centenaire cher au cœur des habitants.
L’église du Port a retrouvé son écrin et le son de ses cloches pour le plus grand bonheur des riverains rassemblés au pied du monument pour fêter cet événement dans la pure tradition niçoise, avec chants traditionnels et danseurs folkloriques accompagnés des musiciens de la garde municipale. « Dans notre histoire et notre culture, une église c’est le centre d’un village, d’un quartier, un bâtiment qui n’est pas seulement utile mais qui est aussi un repère commun, familier, et un signal de beauté et d’histoire, un lieu d’espérance », a affirmé Christian Estrosi en célébrant au milieu des habitants du quartier l’achèvement de cette première phase des travaux de rénovation. Un chantier qui a débuté en février 2022, et confié à un architecte en chef des Monuments Historiques mandaté par la DRAC (direction régionale des affaires culturelles).
L’objectif a été de redonner à cet édifice religieux -construit en 1840- sa couleur ocre d’origine en conservant ses matériaux historiques. La charpente, les tuiles, zingueries ainsi que les boiseries et ferronneries ont été rénovées. « Depuis plus de 150 ans, l’église du Port est un point de repère pour tous les Niçois, a rappelé le maire de Nice. Ça fait beaucoup de temps passé à subir les intempéries, la pollution, l’usure, tout simplement. Il était temps que ces 150 années retrouvent leur jeunesse et leur beauté initiales. »
Une remise en état de l’ouvrage plus longue et plus complexe en raison de la présence de plomb.
Les différents diagnostics réalisés initialement avaient mis en évidence la présence de plomb dans les peintures des menuiseries et des persiennes. Le protocole de restauration avait donc été revu avec une remise en état plus longue et plus complexe. Par ailleurs, la reprise des enduits et des badigeons a été décalée afin d’assurer la pérennité de l’ouvrage. Des travaux extérieurs qui doivent être effectués dans des conditions hygrothermiques particulières ne pouvant être réalisés en période de canicule, c’est pourquoi la collectivité avait dû réviser le calendrier prévisionnel du chantier extérieur dont la livraison a été retardé de trois mois.
La Ville a déjà investi 1 millions 900 000 euros dans la modernisation de cet édifice inscrit à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1991.
Quant à la restauration de l’intérieur de l’église, elle ne pourra démarrer qu’à l’issue des différents diagnostics et études préalables engagés à la fin de l’année dernière. Des vérifications géotechniques et stratigraphiques qui guideront le Maître d’ouvrage, en l’occurrence la Ville en relation étroite avec la DRAC. Dés lors, le coût total de l’opération de rénovation pourra être défini avec précision. Une livraison est toutefois envisagée dans deux ans.
En attendant, la Ville a déjà investi 1 millions 900 000 euros, dont une subvention de 16 000 de la Région, pour la réalisation des différents travaux de restauration de cette église, inscrite à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1991.
Christian Estrosi, maire de Nice :
« C’est une renaissance »
Dans son discours, le maire de la ville et président de la Métropole Christian Estrosi a notamment mis l’accent sur le projet de rénovation du Port de Nice qui permettra d’offrir à la population du quartier un cadre de vie plus apaisé et végétalisé avec la réduction de la pollution et des nuisances.
« Ce soir, ce n’est pas seulement une inauguration qui nous rassemble.
C’est une renaissance.
Une renaissance qui s’inscrit d’abord dans un projet de quartier, pour que notre quartier du Port redevienne ce qu’il a longtemps été, un endroit où nous seulement on vit, mais où on vit bien.
Vivre bien autour de notre port, c’est d’abord retrouver une circulation apaisée.
Avec la ligne 2 du tram, nous avons déjà réduit le trafic de bus de plus de 80%
Avec la végétalisation de la rue Cassini et de la place Ile-de-Beauté, en s’appuyant sur le parking de la Douane, nous allons aussi ramener le trafic automobile à des proportions bien plus vivables.
Regardez le calme et la tranquillité des axes de La Buffa-Liberté-Hôtel-des-Postes, ou de Joffre-Pastorelli, ou encore de Gioffredo : eh bien, la rue Cassini, ce sera la même ambiance, apaisée et tranquille.
Et puis, pour couronner ce retour à une vie normale, sans excès de bruit ni de pollution, nous accélérons sur l’électrification des quais tout en relançant l’activité de pêche artisanale, avec un marché des pêcheurs.
C’est ça, le visage que nous voulons rendre au port Lympia.
C’est pour ça aussi que l’ONU a choisi d’établir ici le palais des congrès qui abritera d’abord le sommet de l’Océan, en juin 2025, puis deviendra le bel espace de culture et d’événement, parfaitement intégré au site, qui nous fera très vite oublier l’erreur et l’horreur urbanistique, architecturale et environnementale qu’était Acropolis.
Un lieu de vie supplémentaire, facilement accessible tout en ne créant aucun flux automobile supplémentaire, sur un site exceptionnellement beau, restauré, végétalisé et désormais préservé, là où il y a aujourd’hui des entrepôts vides et un parking – un parking, sur un des plus beaux espaces de Nice, un parking avec vue sur la mer, quel gâchis !- ce sera ça, notre palais de l’Océan.
C’est ainsi que notre port retrouvera son visage.
Mais un visage n’est rien sans une âme.
Et l’âme, elle est là.
Une église, bien sûr, c’est d’abord un lieu fondamental pour les croyants, un lieu de vie, un lieu de solidarité, un lieu d’espérance.
Je sais, Monseigneur, combien vous êtes attaché à ce que ces lieux portent ces belles idées, et combien, Monsieur l’abbé Bottin, vous travaillez au quotidien à les mettre en œuvre.
Mais pas seulement.
Car dans notre histoire et notre culture, une église c’est le centre d’un village, d’un quartier, un bâtiment qui n’est pas seulement utile mais qui est aussi un repère commun, familier, et un signal de beauté et d’histoire.
Et ça, ça ne concerne pas que les croyants.
A fortiori, je dirais, celle-là, notre église du Port.
Vous connaissez l’histoire, je ne vais m’y attarder qu’en quelques dates.
1699, c’est l’année où le gouvernement de Turin décide de créer à Nice un vrai port, sur le marécage du quartier Lympia, pour remplacer la simple plage des Ponchettes qui en tenait lieu depuis l’Antiquité.
1749, c’est le début des travaux de creusement, en commençant par la digue et en remontant vers l’intérieur.
Oui, j’ai remarqué comme vous, 50 ans entre la décision et les travaux, ce n’est pas aujourd’hui qu’on verrait ça !
1751, c’est l’année d’achèvement de la digue et de l’ouverture du premier bassin, le plus au sud, celui qui est longé par la digue.
Oui, j’ai remarqué aussi, 2 ans pour faire des travaux aussi gigantesques, c’est une drôle de leçon, sur laquelle je m’appuie d’ailleurs dans la perspective de notre palais de l’Océan !
Et dès 1753, dans une grande niche aménagée au sein de la digue, une statue de la Vierge, comme une petite chapelle qui permettait aux marins quittant le port de prier pour y revenir avec une bonne pêche ou une belle cargaison.
C’est comme ça que commence l’histoire de notre église du Port.
1844, c’est l’année où le consiglio d’Ornato fixe le plan d’urbanisme du quartier qui s’organisera autour du port, côté nord.
Il trace la rue Cassini et surtout organise la future place Ile-de-Beauté, avec ses deux grands immeubles, symétriques, autour d’une église nouvelle.
1853, c’est l’année où l’église est inaugurée.
Il lui manque encore son magnifique portique à colonnes.
Il sera construit en 1896, au moment où le dernier bassin du port, le plus proche de nous, est ouvert, avec son majestueux escalier à double volée et sa fontaine.
Au passage, pour achever le creusement du bassin, il a fallu raser la maison natale de Garibaldi, mais le plus important, ce qui reste dans nos cœurs, ce n’est pas sa maison, mais son exemple et son message de liberté et de justice.
Et voilà, depuis plus de 150 ans, l’église du Port est un point de repère pour tous les Niçois.
150 ans, c’est un bel âge.
Ca fait beaucoup de temps passé à subir les intempéries, la pollution, l’usure, tout simplement.
Il était temps que ces 150 années retrouvent leur jeunesse et leur beauté initiales.
Vous connaissez la règle : quand on rénove un bâtiment, il faut commencer par ce que les professionnels appellent « le clos et le couvert », et que les gens comme vous et moi appellent le toit et les façades.
Alors, on a commencé par ça.
Et vous avez sous les yeux le résultat, ce magnifique travail de nos entreprises, sous l’autorité conjointe de notre architecte des Bâtiments de France et de la Conservation régionale des Monuments historiques, ces couleurs douces et complémentaires du rouge des immeubles voisin, cette harmonie retrouvée.
Mais c’est seulement la première étape.
Comme nous l’avons fait à l’église du Vœu, autre chef d’œuvre de notre patrimoine néo-classique, nous allons maintenant rendre à l’intérieur tout son éclat, toute sa luminosité, toute sa fraîcheur.
Et nous nous retrouverons dans deux ans pour célébrer cette renaissance.
Vous savez, en préparant ces quelques mots, il m’est revenu ces quatre vers, ce deuxième couplet de notre hymne, Nissa la Bella, un couplet qu’on ne chante pas souvent -d’ailleurs, rassurez-vous, je ne le chanterai pas- mais dont les premiers mots disent ceci : « Canti la capelina, la rosa, lou lilà, lou Pouòrt e la Marina, Paioun, Mascouïnat ».
Ce n’est pas un hasard, tout de même, si Menica Rondelly a cité ces quartiers dans cet hymne qui porte si fort notre amour de Nice.
D’accord, je n’ai pas fait grand-chose pour la rue Mascouïnat, qui n’en a d’ailleurs pas besoin.
Mais pour le reste, le Port, la Marina -c’est-à-dire le quai des Etats-Unis-, et le Paillon, oui, je revendique d’avoir agi et travaillé pour qu’ils retrouvent tout ce qui fait leur prix, je l’ai fait et je continuerai à le faire avec détermination.
Parce que si l’on veut que « la rosa e lou lilà » fleurissent et refleurissent à Nice, alors oui, tout en portant la vie, chacun de ces quartiers doit retrouver la beauté et la tranquillité, ces deux piliers de l’identité de Nice, de notre identité, que nous chérissons plus que tout ! »